Je présente sur cette page des livres qui me semblent pertinents dans la réflexion sur l’avenir de notre société. Je ne peux que vous encourager à lire ces livres en les empruntant à votre bibliothèque municipale ou en les achetant chez votre libraire préféré.
Mémo sur la nouvelle classe écologique – Bruno Latour et Nikolaj Schultz
Les auteurs soulèvent dans ce livre la problématique du manque dune idéologie claire de la part des écologistes, ou en tout cas une idéologie prometteuse qui pourrait en faire un pôle d’attractivité fort au sein de l’échiquier politique.
Ils réclament la construction d’une telle idéologie de par l’émergence d’une nouvelle classe écologique qui dépasserait la seule définition des classes sociales et manquent de fondements pour s’organiser et ébranler le système en place.
Thought styles – Mary Douglas
Dans ce livre datant de 1996, Mary Douglas a fait évoluer sa proposition de grille de lecture de notre société (par rapport à Risk and Culture, voir ci-dessous) en proposant 4 groupes: les individualistes, les hiérarchistes, les égalitaristes et les fatalistes.
Le livre contient plusieurs essais sur différents sujets auxquels elle applique sa grille de lecture. Dans l’essai ‘On not being seen dead’, elle décrit entre autre la vision de chacun de ces groupes vis à vis de la nature, ce qui est particulièrement éclairant si l’on considère la problématique des limites planétaires.
Risk and Culture – Mary Douglas et Aaron Wildavsky
Les auteurs sont des anthropologues qui ont décidé d’appliquer leurs analyses de différentes tribus à travers le monde à notre société occidentale et définissent ce qu’ils appellent une théorie culturelle.
Ils en ont déduit une classification culturelle de la société en deux groupes principaux, les hiérarchistes et les individualistes, qui portent leur propre vision du monde définies en propre et par opposition l’une par rapport à l’autre. A l’époque (leur analyse et description a évoluée avec le temps; le livre date de 1982), ils ont également défini un troisième groupe à la marge, les sectaires qu’ils associent aux environnementalistes.
Dans ce livre, ils se penchent plus particulièrement sur le positionnement de ces trois groupes vis à vis de la notion de risque et plus particulièrement le risque de pollution. De par leurs visions différentes du monde, ces 3 groupes appréhendent le risque différemment.
Fabrice Bonnifet et Céline Puff Ardichvili – L’entreprise contributive
Les auteurs proposent de revoir entièrement le fonctionnement de l’entreprise pour la faire passer d’un mode purement extractif à un mode contributif. Ils proposent de nombreuses pistes pour ce qui me semble être une révision de ce que fut la RSE sur les 10 dernières années avec peu d’impacts transformatifs.
Leurs propositions définissent d’une certaine manière ce que pourrait être les objectifs des futurs Chief Impact Officer qui je pense remplaceront les responsables RSE qui ont été trop souvent cantonné malheureusement à des actions de communication pour présenter des actions de peu d’impact. Leur propos semblent cependant dans ce livre plus mesuré que lors de leurs différentes interventions où ils remettent beaucoup plus clairement en cause l’objectif de croissance à tout prix des entreprises.
Les économistes atterrés – De quoi avons-nous vraiment besoin?
Les économistes atterrés posent une question fondamentale et passent en revue comment nous pourrions modifier le mode de production et de fonctionnement de notre société pour répondre à nos besoins essentiels: se nourrir, se soigner, s’éduquer, faire culture,…
Leur analyse pointe clairement les faiblesses de notre système socio-économique actuelle et propose des solutions intéressantes. Il manque peut être d’une cohérence globale qui mettrait en avant plus fortement un objectif de sobriété général.
Bernard Stiegler – L’emploi est mort, vive le travail.
Ce livre est une bonne manière de se familiariser au concept d’économie contributive chère à Bernard Stiegler. Etant très convaincu par ce concept, ce livre m’a rapidement motivé à en savoir plus. C’est un concept encore en gestation mais déjà testé sur le terrain par les collaborateurs de Stiegler. Nous ne pouvons qu’espérer que son décès en 2020 n’entrainera pas aussi la disparition des concepts très prometteurs qu’il a porté une grande partie de sa vie.
Paul Jorion, Vicent Burnand-Galpin – Comment sauver le genre humain
Ce livre de Paul Jorion publié juste avant la crise sanitaire au début de l’année 2020 donne une vision d’ensemble de l’état des lieux et des propositions pour avancer dans ce que nous appellons maintenant communément “le monde d’après”. Jorion dans son style direct ne mâche pas ses mots dans sa critique et fait émerger des idées de transformations concrètes très intéressantes.
Philippe Bihouix – Le bonheur était pour demain
Philippe Bihouix est une des références pour l’analyse de notre époque en termes de limites des ressources. Ce livre suit son livre “L’Âge des low tech, vers une civilisation techniquement soutenable” en explorant les limites de la croissance ‘durable’, du techno-solutionnisme, et son idée d’une société post-croissance plus sobre en termes d’énergie et de matières premières. Philippe Bihouix a parfaitement conscient de la composante humaine essentielle pour faire évoluer notre société.
Razmig Keucheyan – Les Besoins artificiels
Le sujet essentiel de la définition des besoins est exploré dans ce livre. On ne peut imaginer sortir du consumérisme qu’en posant la question des besoins. Les pistes proposées rejoignent l’idée de réappropriation qui me semble un concept clef à considérer pour imaginer une nouvelle société.
Rutger Bregman – Utopies réalistes
Un livre à lire absolument pour réaliser que les utopies parfois se concrétisent.
Paul Ariès – Gratuité vs Capitalisme
Ce livre permet d’imaginer comment sortir de la marchandisation systématique. La gratuité n’implique pas seulement d’enlever le prix à payer mais de repenser les usages.
Pablo Servigne et Raphaël Stevens – Comment tout peut s’effondrer
Le livre de référence en collapsologie. Attaquez ce livre avec en gardant le sourire et votre optimisme naturel, et vous en ressortirez avec une furieuse envie de participer à des changements profonds de la société.
Hervé Kempf – Tout est prêt pour que tout empire
Le livre présente des constats très pertinents sur notre société et propose la base d’un plan d’action sous forme de 12 leçons. Ces leçons ne sont pas assez concrètes à mon goût mais le livre est court et nécessaire pour construire un plan plus appliqué.
Yuval Noah Harari – Homo Deus
Harari est devenu en quelques années un auteur mondialement reconnu pour son analyse d’abord historique (voir son livre Sapiens) et maintenant prospective. Il se défend de faire de la prospective dans ce livre mais fait naturellement des projections d’évolution de par son angle d’analyse. Tour d’horizon très intéressant mais moins éclairant que ce que le début du livre m’avait fait espéré.
Serge Latouche – Le pari de la décroissance
Un livre de référence pour considérer le choix de la décroissance. Une analyse concrète des problématiques de notre société. Ce livre a plus de 10 ans et tout ce qu’il décrit est plus vrai que jamais. Il ouvre des pistes de changements systémiques à considérer, à étudier et à enrichir.
Thomas Porcher – Traité d’économie hérétique
Thomas Porcher est ce qu’on appelle un économise hétérodoxe, c’est à dire qui considère que le capitalisme néo-libéral n’est pas une finalité absolue de l’économie en soi. Il démonte nos a priori sur de nombreuses croyances dans l’économie actuelle. Ce livre ouvre l’esprit pour imaginer d’autres économies.
Marc Bousseyrol – Vive la dette
Dans la même lignée que le livre de Thomas Porcher, Marc Bousseyrol explique les tenants et les aboutissants du calcul de la dette qui nous amène régulièrement à des mesures d’austérité sans aucun effet salvateur. A lire pour prendre du recul sur la notion de dette.
Le monde en 2035 vu par la CIA
La présence de ce livre dans cette liste peut vous paraitre surprenante mais la CIA a des moyens d’analyse et de prospective sans commune mesure au regard de son nombre d’employés et de sa présence à travers le monde. Leur vision est moins biaisé que vous ne pourriez le penser et vaut le coup d’être lu. La CIA publie un rapport de ce type par an. Celui-ci date de 2017.
Cyril Dion – Petit manuel de résistance contemporaine
Cyril Dion est souvent englobé dans la sphère des collapsologues mais son approche est un peu différente puisqu’il n’a pas de formation scientifique initiale. Il n’en reste pas moins un bon connaisseur de la convergence des crises et ouvre très intelligemment le champ des possibles pour la réflexion sur l’avenir. Son discours sur la création d’un nouveau Récit, et donc d’une nouvelle vision de société est parfaitement en adéquation avec ce que j’essaye de faire à travers ce blog.
Auteurs multiples – Il n’y a pas de fatalité au chômage de masse –
Le titre et le sommaire de ce livre avait attiré mon attention mais j’ai été rapidement déçu par une série d’articles poussant des propositions déjà entendus et toujours en conformité avec le système économique tel qu’il est. Seul l’article de Michel Berry, “Passer de l’objectif de l’emploi pour tous à l’activité pour tous” est réellement pertinent et rejoint une idée novatrice que je souhaite développer rapidement. L’article est cependant très court et ne va pas au bout de son potentiel.
André Gorz – Eloge du suffisant
Ce livre très court suivi d’une analyse du texte par le chercheur en philosophie et en science de l’environnement, Christophe Gilliand, est une très bonne introduction, facile à lire, à la pensée d’André Gorz, un des précurseurs de l’écologie politique française. “L’activité économique n’a de sens qu’au service d’autre chose qu’elle même”. Cette seule phrase nous rappelle que nous devons conformer l’économie à notre rythme de vie souhaité et pas l’inverse. A lire absolument.